LA VIE D’UNE CITE
Les Helviens apparaissent dans l’histoire lors de la conquête romaine de la future Narbonnaise au Ier siècle av. J.-C. Alba devient le chef-lieu de leur cité. Son territoire, l’Helvie, correspondait à peu près au sud du département de l’Ardèche.

Le théâtre antique - Alba-la-Romaine

Théâtre antique à Alba-la-Romaine
La ville antique s’installe sur une voie de commu- nication reliant la Vallée du Rhône au Massif Central. Au IIe siècle apr. J.-C., période faste de la cité, la voie qui relie la cité à Nîmes, est jalonnée par les magistrats d’Alba de bornes miliaires où est gravé le nom de la cité. On peut voir aujourd’hui un moulage d’une de ces bornes sur la RN 102 qui relie Le Teil à Alba. Pline l’Ancien relate au Ier siècle ap. J.-C. dans l’Histoire Naturelle l’invention d’un cépage de vigne à la floraison d’un jour par les Helviens.
Ville ouverte, sans rempart, la ville se développe sur 30 hectares. Ses limites sont marquées par les nécropoles comme celle de « Saint-Pierre » située à l’entrée du village actuel. A la fin de l’Antiquité, une église paléochrétienne est édifiée sur l’emplacement de cette nécropole.
Au cœur de la cité, le centre monumental regroupe un vaste ensemble d’édifices à vocation administrative, civique, religieuse et économique autour de son forum. La fonction de ces édifices est difficile à définir, comme c’est le cas pour les deux édifices situés au nord. Ils se composent d’un portique -un couloir couvert- sur quatre côtés enserrant un grand jardin avec des bassins d’eau. Quant aux deux bâtiments localisés au sud, ils se rattachent au forum. Ils appartiennent à son area sacra, c’est-à-dire l’espace du forum qui complète la grande place publique.
Le centre monumental est longé à l’ouest par le cardo maximus et des boutiques. Le cardo désigne une voie orientée nord-sud. La première voie nord-sud tracée lors de la fondation d’une cité s’appelle le cardo maximus. Au IIe siècle de notre ère, cette rue est dallée sur toute sa longueur de grands blocs de calcaire, encore en place par endroits. Une vingtaine de boutiques le borde à l’est. Certaines d’entre elles ont donné au cours de leurs fouilles des informations sur les objets qui y étaient vendus comme par exemple des lampes à huile.
A la limite Est de la cité, son théâtre a la particularité d’être traversé par un ruisseau. Trois théâtres se sont succédés au même endroit entre le Ier siècle av. J.-C. et le IIe siècle apr. J.-C.
Au fil de ses modifications, le ruisseau a été canalisé. Le troisième théâtre avait une capacité de 3 000 places. Aujourd’hui, il accueille chaque été Le Nouveau Festival d’Alba.
Les habitations luxueuses, des domi, se situaient au sud de la ville près de la rivière, l’Escoutay. La domus « Pinard » a livré 8 mosaïques dont une représentant des poissons et des mollusques d’eau douce. La richesse de leurs aménagements se retrouve également dans la domus de « La Planchette » qui possédait des thermes privés.
Au nord de la ville, le quartier de « Bagnols » concentre un habitat populaire et des activités artisanales. Ces maisons étaient construites avec des matériaux périssables tels que le bois et la terre. Ce quartier conserve également un sanctuaire. Ce lieu de culte va devenir au cours du Ier siècle apr. J.-C. le sanctuaire du culte impérial.
En 1992, la statue de l’empereur divinisé y a été retrouvée, ainsi que d’autres fragments qui portent à 8 le nombre de statues honorées au sein du sanctuaire.
A partir du milieu du IIIe siècle de notre ère la cité commence à décliner. Au IVe siècle apr. J.-C., Alba devient un siège épiscopal avant son transfert à Viviers à la fin du Ve siècle. La cité gallo-romaine perd alors son rôle de centre politique, administratif et religieux. L’ancienne cité devient une petite agglomération située à l’emplacement du village actuel. Il faut attendre le XIIIe siècle pour voir le nom « Aps » apparaître dans les textes.
LA RESTAURATION ET LA MISE EN VALEUR
L’existence d’une occupation antique dans la plaine viticole d’Alba est connue depuis plusieurs siècles. En travaillant la terre, les vignerons dégageaient des pierres de tailles, des colonnes, des mosaïques, des conduites de plomb, des fragments de marbre, des monnaies et même des statues en bronze ou en pierre. Cependant, il faut attendre 1861 pour que soit attesté l’implantation de la cité antique « Alba Helviorum » dans la plaine d’Alba. Jusqu’ici Viviers et Alba se disputaient son implantation.
Les premières recherches scientifiques commencent durant l’entre-deux guerre avec le dégagement d’une partie du théâtre par Franck Delarbre, maire de la commune. Une deuxième phase est abordée à partir de 1945 avec les Antiquités historiques et le monde universitaire. Ces interventions se localisent sur le site de Saint-Pierre et du théâtre.
La restructuration du vignoble albain à partir des années 80 risquait de détruire le patrimoine encore enfoui. Un nouvel essor des fouilles archéologiques se met alors en place avec l’intervention de plusieurs partenaires : l’Etat, la Région Rhône-Alpes, le Conseil général de l’Ardèche et la Commune. C’est au cours de ces vingt dernières années que la connaissance de la ville antique a été la plus importante. La planification des fouilles a permis de dégager le centre monumental, le sanctuaire impérial ainsi que des zones d’habitation. Cette période a également été bénéfique pour la compréhension de la campagne environnante avec la localisation de villas.
Après une restauration par les Monuments Historiques, le site est ouvert au public toute l’année. Un important chantier de valorisation est en cours de déploiement juqsu’en 2012. www.ardeche.fr
Plusieurs animations sont mises en place : visites guidées, ateliers pédagogiques et notamment Le Nouveau Festival d’Alba, organisé par La Cascade, maison des arts du clown et du cirque : www.lenouveaufestivaldalba.fr .
BIBLIOGRAPHIE
DUPRAZ J., Carte archéologique de la Gaule. Ardèche, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, juillet 2001. (Notice d’Alba, pp. 97-194).
ESQUIEU Y., Les anciennes églises d’Alba, Lyon 1969.
FRAISSE C.,VOISIN A.-F., Alba-la-Romaine une ville antique à son apogée, Association les Enfants et Amis d’Alba, 2004.
LAUXEROIS R., Le Bas-Vivarais à l’époque romaine. Recherches sur la cité d’Alba, Paris 1983.
LAUXEROIS R., ANDRE P., JOURDAN G., Alba, de la cité gallo-romaine au village, Guides archéologiques de la France n°5, Paris 1985.
Le livre "Une ville antique à son apogée" raconte l’histoire de la capitale des Helviens et de ses habitants à l’époque antique. "
Au travers de ses nombreuses illustrations et de ses textes, cet ouvrage permet une découverte en trois dimensions du site archéologique.
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